Deuxième jour à Phnom Penh. Nous nous faisons déposer au marché russe. Un endroit oú on est supposé trouver de tout et faire des affaires. On y propose des stylos Mont Blanc à 5 dollars, des sacs Longchamp presque gratuits, des souvenirs qui ressemblent à ceux de Thaïlande, et de la bouffe sous toutes ses formes. L’atmosphère à 09h00 est chargée d’odeurs sans rapport avec notre petit déjeuner, il commence à faire chaud dans les allées réduites au strict minimum….. Nous marchons vers S21, « bureau de la sécurité » sous les Khmers Rouges. Ce centre de détention est situé dans un ancien lycée au cœur de Phnom Penh. Avant même de commencer la visite, ce qui interpelle c’est la banalisation des lieux. Extérieurement, peu de choses choquent. Les agrès pour la gym sont là, les bâtiments répartis autour d'une cour arborée ressemblent à des établissements scolaires toujours en activité en France. Lorsqu’on se rapproche, on remarque que les aérations des salles de classe du rez de chaussée ont été obturées pour étouffer les cris. Un autre bâtiment est littéralement habillé de barbelés pour interdire les suicides…. A l’intérieur, les salles de cours ont été aménagées en salle de torture, de détention individuelle ou collective. La distribution des pièces a été modifiée pour permettre de pouvoir surveiller tout l’étage. De salles en salles on prend la dimension non seulement de ce qui s'est passé ici, 17000 morts en moins de 4 ans, et 12 survivants recensés, mais aussi de ce qui a frappé le Cambodge de 74 à 79 , ¼ de la population exterminé par une autre partie de la même population, mais aussi la destruction systématique des infrastructures modernes, de l’industrie, de toute forme de religion, des villes…. Une auto destruction dogmatique, méthodique, organisée, dans le contexte est-ouest du moment, qui au moins à ses débuts recevait les agréments de certains politiques, intellectuels français et européens. C’était il y a 37 ans, ce musée expose crument les faits, avec courage, sans complaisance. Les bourreaux souvent très jeunes et les victimes ont appris à reconstruire ensemble. Une belle leçon d’humanité issue de la plus profonde bassesse. Nous déjeunerons non loin de là dans un restaurant associatif pour ensuite terminer notre journée de manière plus légère au Wat Phnom, la plus ancienne pagode de la ville. Un espace de calme non loin de la rue de France et du quartier des ambassades. Nous libérons 5 oiseaux qui emporterons nos souhaits….