14 juillet

Nous ne sommes pas restés dans notre lit douillet, et, sans tambour ni trompette, mais en voiture nous avons fait le tour de l’île sur sa partie sud.

Six sites archéologiques, sous le pilotage de Jérôme, notre logeur.

Nous sommes retournés sur le site vu hier soir, Tahai, la lumière du matin est plus intéressante que celle du soir.
Les « indigènes » à plumes en séance de photo promotionnelle agrémentent le parcours et nous accueillent « à bras ouverts » !
Au passage un aperçu des fondations d’une maison en forme de bateau, habitat en bois et roseau traditionnel des pascuans.

Puis Vaihu, Te Pito Kura, Anakena, Tongariki et enfin Rano Raraku.

Nous avons observé des Moai à terre comme à Vaihu, ou restaurés, redressés sur leur stèle grâce au mécénat essentiellement japonais, sur la plage d’Anakena à Tongariki ou en cours de construction à Rano Raraku.

Le dernier Moai debout a été vu au début du XX° siècle à Te Pito Kura où se cache aussi le « nombril du monde », une pierre chargée d’énergie qui attire de plus en plus de gourous !

Les tsunamis (2 importants dans la deuxième moitié du XX°) et vraisemblablement les conflits claniques ont abattus toutes les statues !

Depuis, à de fins culturelles ou touristiques, certains sites ont été restaurés. On a vu aussi émerger des copies devant les hôtels, sur la plage etc….

La plage d’Akaneka constitue un superbe écrin de sable légèrement rosé pour 7 Moai.
C’est aussi l’endroit où le roi Hotu Matua a débarqué pour fonder Rapa Nui. Pour nous ce sera aussi la pause déjeuner parmi les fleurs et les cocotiers importé de Tahiti il y a une cinquantaine d’années ! L’eau est la plus claire du pacifique sud… par absence de plancton ! Pas de poisson non plus !

A Tongariki, 15 Moai majestueux font face à la montagne. Le soleil de l’après-midi les éclaire d’une lumière douce propice aux photos ! Les Moai, divinité ou représentation des chefs de clan mort tournent le dos à la mer pour regarder le village. On peut supposer que l’âme (le mana) du chef défunt continue à protéger les siens ou à les surveiller….

Enfin, pour terminer à Rano Raraku, la carrière d’où étaient extraites les statues.

Environ 400 Moai en chantier à différents stades de finition… Certains à mi pente en cours de « livraison », d’autres semi enterrés pour permettre de terminer les détails du dos, d’autres enfin à peine esquissés dans la roche.
Un témoignage du savoir-faire des pascuans capables de proportionner, dans la roche, des blocs de 12 mètres de haut pour qu’ils puissent être une fois dressés à l’équilibre !

Nous comprenons que l’île détient plus de questions que de réponses. Si l’origine de la population, polynésienne, ne fait quasiment plus de doute, l’incertitude demeure sur la date du peuplement. Ici pas d’écrit, l’histoire de l’île se transmettait par oral dans les familles de sages et de chefs. La population estimée à 15000 à l’apogée de l’ile a diminué jusqu’à 600 personnes au XIX° siècle. Avec la disparition de la population, son histoire a aussi disparue !

Aujourd’hui l’exploitation des journaux de bord des bateaux qui y ont accosté depuis le XVII° est une source importante d’information que corrobore parfois les fouilles archéologiques ! Le reste est un condensé d’hypothèses, d’analyses et de suppositions parfois fantaisistes !
Ainsi, il semble plus probable que le peuplement de l’île date du XII° siècle que du VII°, le culte des Moai a disparu au XVII°, peut-être suite à un mouvement social.
La SNCF et la RATP n’ont rien inventé !
Il fallait 20 hommes pour sculpter une statue pendant 1 an. Cela signifierait, vu la taille du chantier, que la moitié de la population, tout clan confondu, aurait été mobilisée dans la carrière !
Cela pourrait ressembler à une certaine forme d’esclavage qui aurait pu mener à la révolte.
Ce culte a été remplacé par celui de l’homme oiseau.
Une compétion dont le vainqueur portait son clan au pouvoir pour 1 an ! Le combat des chefs version triathlon ! On pourrait le suggérer pour les primaires !
Enfin, la déforestation reste une énigme. Le déséquilibre créé par l’homme, les rats qui auraient dévorés le cœur des arbres (en Polynésie, les cocotiers ont le tronc cerclé de fer pour empêcher les rats de grimper), un incendie, un changement climatique…une combinaison de tout ça…

C’est aussi ce mystère qui fait le charme et le succès de l’île par ailleurs plutôt désolée, vide et un peu en dehors du temps !