Mardi 19 mai

Nous avions prévu de rentrer en France aujourd’hui. La crise déclenchée par le COVID en a décidé autrement.

Pour tenter d‘échapper aux nouvelles anxiogènes nous avons poursuivi notre parcours chacun à notre façon, Mahjouba a cousu un millier de masques en tissu distribués gratuitement aux proches, aux habitants de Cazaux, à la pharmacie….

J’ai donné du temps au temps en profitant des ressources locales …tout en poursuivant notre rêve de voyage.

« Certes, un rêve de beignet, c’est un rêve, pas un beignet. Mais un rêve de voyage, c’est déjà un voyage »

Marek Halter

Il nous a offert de belles rencontres.

Celle d’une Amérique différente des préjugés.

Une nature épanouie, grandiose aussi bien dans les grands parcs emblématiques que lors des « grandes traversées » ou de notre aperçu de la côte californienne ….

De paysages urbains contrastés, du cœur de Los Angeles aux délires de Las Vegas en passant par des villages abandonnés …

De belles personnes, attentives, curieuses, généreuses , de  la jeune femme « bon chic bon genre » qui a ramassé un à un nos morceaux d’ananas bio savamment répandus sur le trottoir de Los Angeles, au couple de « routards survivalistes » à l’entrée de la Vallée de la Mort,  en passant par les « anciens » de l’aire de camping-car dans la banlieue de Los Angeles , la veille de notre départ, déjà frappés par l’état d’urgence, nous les avons remerciés de leur gentillesse en leur offrant notre stock de papier toilette…un don reçu comme un don du ciel….sans oublier cette famille allemande en plein désarroi, en larmes à l’idée de renoncer sous la contrainte des événements et que nous avons tenté de réconforter ….sans imaginer que dans la nuit nous serions amener nous aussi à organiser notre retour anticipé. Ils nous ont, sans le savoir, offert une soirée d’insouciance dans les dunes californiennes avec le sentiment d’être épargnés, protégés par la « chance » …

Forts des informations données heure par heure par nos amis polynésiens, alimentés par les conseils du consulat de France à Los Angeles nous avons pu sans trop de précipitations enclencher notre vol retour et le cortège d’annulations (vols, hôtels, locations de camping-car) ...

Le consulat nous a récemment demandé de nos nouvelles et vérifié que nous n’étions pas perdus sous un pont californien.

Cette semaine, les derniers remboursements ont été reçus…y compris les acomptes présentés initialement comme « non remboursables » …

Nous devrions dans les jours qui viennent retrouver notre chien qui avait trouvé refuge à Bourges et y est resté confiné…

Avec lui, et le retour à l’état stable, prendra fin cet épisode.

Notre voyage n’est pas inachevé, il est seulement interrompu…