N’écoutant que notre curiosité, nous choisissons de traverser l’île du nord vers le sud dans sa partie centrale pour visiter Trinidad. 8h00 de transport aller et retour. Le bus est confortable, nous sommes au premier rang surélevé derrière le chauffeur et ne perdons pas une miette du paysage. Ici le paradis du Che ou de Fidel vanté par des panneaux et slogans « révolutionnaires » disposés régulièrement le long de la route nous montre le visage de la pénurie. Pénurie en énergie, le pays importe massivement du pétrole du Venezuela essentiellement pour produire de l’électricité. Conséquence, la circulation est plus que fluide. Nous sommes toutefois ralentis par des voitures à cheval ou des livreurs en vélo…Peu de voitures dans cette direction, pas beaucoup plus sur l’autoroute qui devaient rayonner sur l’ensemble de l’île mais dont les crédits ont été détournés avant la révolution. Une pénurie de transport qui touche aussi les transports en commun. Pour y remédier, des initiatives privées d’aménagement de camions pour transporter des personnes ou l’obligation qui est faite à l’ensemble des véhicules appartenant à l’état d’accepter des « auto-stoppeurs » …pour y veiller, un corps d’agents spécialisés vêtus d’uniforme jaune stationne au bord des chemins. Pénurie d’électricité aussi depuis 2005…. Pénurie d’eau, des citernes fleurissent sur la totalité des toitures, susceptibles de recevoir de l’eau de pluie ou remplies à l’aide de petites pompes de compenser par gravité le manque de pression du réseau. Pénurie dans les magasins, l’abattage des bovins est un monopole de l‘état et le transgresser peut être puni de 20 ans de prison, le lait est rationné ainsi que la farine …. Pénurie de tissu aussi si on en croit les tenues féminines ainsi que les uniformes des lycéennes et des policières. Quand à internet, 1,5 CUC (1,5 euros) pour une heure de connexion ce n’est pas très cher……ramené toutefois au temps réel de fonctionnement (environ 5 minutes en ce qui me concerne) ça reste un luxe ! Même si on doit souligner que beaucoup de services publics sont peu chers (transports, spectacles, électricité, loyers, etc.), voire totalement gratuits (médecine, éducation), nous sommes confrontés à une économie de survie. Difficile de mesurer la part de responsabilité d’une idéologie et celle des effets de l’embargo toujours en vigueur.